LE GRAND RABBINAT DU QUÉBEC
Dans une perspective de retour aux sources et de respect de l’identité
juive, le Rabbinat a été crée en 1978 afin de promouvoir la religion juive et l’enseignement hébraïque. Il assure la direction spirituelle et
religieuse de la communauté et conçoit les orientations fondamentales dans les domaines religieux, rituel, social, culturel et éducatif.
COMMISSION DE LA KACHEROUTE
La Commission de la Kacheroute est une Division du Grand Rabbinat du
Québec.
Elle contrôle les départements de kacheroute suivants :
IDENTIFICATION PAR L’ESTAMPILLE KACHERE DES PRODUITS ALIMENTAIRES
Afin d’identifier les responsables de la hachegaha (surveillance) la définition et la représentation du symbole KSR® a été adopté il signifie :
KACHEROUTE SÉFARADE DU RABBINAT et / ou KoSheR
DEPARTEMENT DE LA CERTIFICATION KACHERE
Ce département a pour tâche d’analyser les demandes de
certification des produits alimentaires. Les critères d’obtention de cette certification comprennent : le contrôle de la composition des produits,
le contrôle permanent des lieux et de sa fabrication et l’identification du produit par le Certificat de Kacheroute.
DEPARTEMENT DE LA RESTAURATION
Ce département a pour tâche de garantir aux usagers de stricte observance une alimentation kachère conforme aux normes du Choul’hane Âroukh dans
tous
les lieux publics : Salles de fêtes, Centre de convention, traiteurs, cuisines, commerces de gros et de détail. Octroi de l’Attestation
d’Établissement Kachère.
ESTAMPILLE UTILISÉES ET RECONNUES
Montréal, Vaad Hair.
Beth Din de Paris
Kashruth
Council of Toronto.
INTRODUCTION
Le peuple juif ne se nourrit pas tout à fait comme les autres peuples. La Tora n’autorise
pas la consommation de certains produits, rejette certaines façons d’accommoder la nourriture et enfin impose tout un rituel pour la cuisson des
aliments.
Les principes de la diététique juive ont étés conçus pour aider l’homme à contrôler ses instincts naturels. Il lui faut pour cela, prendre soin de son corps, instrument de l’âme, par une alimentation choisie.
A part ces rapports directs avec ce que l’on va manger, la Tora propose aussi une vision propre pour les rapports indirects avec la nourriture; la façon de se nourrir, sa signification, son but. Tout cela, parce que la Tora s’intéresse non seulement au «Comment manger et quoi?» mais aussi au «Pourquoi manger»?
D’autres peuples partagent ces interrogations, mais les réponses apportées apparaissent moins complètes et n’englobent qu’une partie du rapport de l’homme à son alimentation. La Tora, pour sa part, s’occupe de l’avant, du pendant et de l’après manger, elle a toujours considéré le fait de se nourrir comme un moyen et jamais un but.
Enfin, pour la Tora, réussir le pourquoi passera par la définition du comment. Cette alimentation s’appelle l’alimentation kachère ou la kacheroute.
On a tenté à travers les générations depuis l’existence du peuple juif, d’expliquer ces lois et ces règles. Les conclusions les plus fréquentes des autres peuples étaient le dénigrement et le rejet dans les choses à considérer comme arriérées et même barbares. D’ailleurs la Tora elle même ne considère pas que ses lois alimentaires soient fondées sur des critères hygiéniques, ce que précise bien R. Arthur Hertzberg (1) :
«Dans l’essentiel, les écrits traditionnels ont mis en évidence deux principes fondamentaux de la kacheroute, à savoir que ces lois sont un contrôle des instincts animaux chez l’homme, et qu’elles ont été promulguées aux fins de mettre les juifs «à part» dans l’existence quotidienne, de sorte qu’ils soient rendus conscients de leurs responsabilités de membres du peuple sacerdotal (c’est-à-dire de leurs responsabilités morales en tant que peuple). En dernier ressort, il n’est pas possible de rationaliser les lois de la kacheroute.»
La pensée de Maïmonide(2) nous fait valoir que les lois alimentaires sont un exercice d’autodiscipline qui doit aider l’homme à réprimer son instinct animal par rapport à la nourriture.
Cependant, une fois cela établit, il n’est pas interdit, bien au contraire, de relever les éventuels bienfaits de ces prescriptions, découverts par la science moderne à tous les niveaux. Comme le souligne Maïmonide(3) : «Je dis donc que tous les aliments que la loi nous a défendus forment une nourriture malsaine».
POURQUOI MANGER? ET DE QUELLE FAÇON?
Manger à sa faim est un droit : «La terre donnera ses fruits,
vous mangerez à satiété(4)».
Mais dans la Tora manger devra avoir une signification. Voici ce qu’en dit Maïmonide(5) :
«Quant à ce qui est indispensable, comme de manger et de boire, il [l’homme] doit se borner à ce qui est le plus utile et avoir en vue le seul besoin de se nourrir, mais non la jouissance…»
Si pour la Tora, manger est un droit, c’est aussi un devoir car il faut être en bonne santé pour pouvoir servir et accomplir la volonté divine. Ainsi, pour la nourriture, manger ou boire pour sa satisfaction, même des choses permises, n’est pas louable. C’est pourquoi on ne mangera pas tout ce dont le palais a envie à l’exemple des animaux, mais on mangera des choses profitables et bonnes pour la santé du corps.
Mais pour donner à l’alimentation la signification qu’elle lui accorde, la Tora par l’intermédiaire du Choul’hane Âroukh va la parer d’un ensemble de réglementations et de conseils. Pour elle en effet, l’alimentation et la façon de se nourrir doit aussi être une caractéristique de l’homme car elle influe sur sa personnalité.
Élie Munk(6) note que, Nahmanide déjà, quelques siècles auparavant pensait : «que la nourriture exerce une certaine influence sur le caractère et sur le tempérament de l’homme».
C’est ce que la Tora répète sans cesse, en demandant à son peuple de respecter une alimentation qu’elle définit comme «pure», pour que lui-même soit «pur». Sans juger sur les effets, et sans chercher à définir ce qui est «pur» et «impur», relevons que cette interdépendance, que la science moderne reconnaît entre le psychisme, la personnalité et l’alimentation, est soulignée avec insistance tout le long de la Tora.
A ce sujet A. Carrel(7) écrit :
«Notre structure et les caractères de notre activité dépendent aussi du choix que nous faisons d’une certaine classe d’aliments… Nos aptitudes et notre destinée dépendent dans une mesure importante de la nature des substances chimiques qui servent à la synthèse de nos tissus. Il est possible de donner artificiellement certains caractères aux êtres humains, comme aux animaux, en les soumettant dès leur jeune âge, à une alimentation appropriée.»
Rabbi M. Récanati(8) propose une analyse de la structure mentale de l’homme et démontre comment la nourriture influence le mental.
Voici ce qu’écrit Maïmonide(9) : «On ne mangera jamais que l’on ait faim et l’on ne boira jamais que l’on ait soif». Il est établi que la faim et la soif rentrent dans le cadre d’un auto-équilibre physiologique atteint grâce à des mécanismes hormonaux complexes.
Rompre cet équilibre de manière délibérée ne peut être que nocif pour l’organisme. A propos d’équilibre, tout l’enseignement de la Tora et à travers elle, de Maïmonide, tend à obtenir de l’être humain l’acceptation d’un équilibre, tant du point de vue physique et corporel, que du point de vue psychologique et spirituel. Comme il est dit(10) : «On ne mangera pas jusqu’à réplétion complète de l’estomac mais on restera d’un quart environ au-dessous de la satiété complète».
La physiologie gastrique a montré qu’un estomac plein avait du mal à se contracter convenablement, d’où une diminution de son travail de broyage par difficulté mécanique et passage d’aliments insuffisamment préparés dans le duodénum et l’intestin grêle qui devront alors fournir un travail supplémentaire. Cet effort ne peut être bénéfique, surtout s’il se répète souvent.
La médecine considère comme très nocive, toute rétention qu’elle soit d’urines ou de matières fécales car les conséquences peuvent en être très graves (infections, fécalomes, troubles digestifs, détérioration des muqueuses digestives, globe vésiculaire, calculs vésicaux, urétraux ou rénaux, hydronéphrose).
Maïmonide(11) poursuit par ces conseils qui de nos jours sont entendus dans les services de gastro-entérologie : «On n’entreprendra jamais un repas sans s’être soigneusement soulagé de tout besoin éventuel», et encore «On ne se retiendra jamais pour satisfaire ses besoins naturels, fut-ce même un instant, mais au contraire, on se soulagera immédiatement tant pour uriner que pour aller à la selle» comme il est dit(12) : «Celui qui tarde à satisfaire ses besoins peut être considéré comme contrevenant à la loi de la Tora; car il est écrit(13) «Vous ne souillerez pas vos corps».
La Tora(14) nous recommande de s’asseoir pour prendre un repas. La physiologie viscérale et musculaire confirme qu’il est préférable pour l’organisme, lorsque les viscères travaillent, que la détente musculaire soit assurée afin que la redistribution du débit sanguin se fasse en priorité vers les viscères en effort.
Se pourrait-il d’autre part que les «fast-food» des U.S.A., restaurants où l’on mange «sur le pouce», le plus souvent debout, très rapidement et à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit aient une part de responsabilité dans l’obésité caractéristique d’une partie de la population américaine?
RÉFÉRENCES